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Quel système de jeu pour l'' "équipe de France de l'export"? - Interview d'Alexis Catanzaro

A l'occasion d'un colloque dédié à l'export le 30 mai, retrouvez le témoignage d'Alexis Catanzaro, spécialiste de l'accompagnement à l'export des entreprises.

Quel système de jeu pour l''


Malgré une multiplicité de dispositifs et d’acteurs d’appui à l’internationalisation des entreprises françaises, nombreuses sont celles à ne pas franchir le pas d’une démarche pourtant considérée comme un moteur principal de leur croissance.

Illisibilité, inadaptation, incompréhension… De multiples raisons sont évoquées par les entreprises, notamment les PME, pour expliquer leur non recours à l’écosystème d’appui existant en la matière.

 

 

 

 

A l'occasion d'un colloque sur l'export organisé le mercredi 30 mai, Alexis Catanzaro, Docteur en Gestion, Maître de conférences à l'IAE de Saint Etienne, nous apporte son témoignage sur l'accompagnement des entreprises françaises à l'international et les défis qu'elles rencontrent.

 

1- Pourquoi les entreprises françaises sont-elles aussi frileuses à l'export?

Il y a  plusieurs éléments de réponse à cela. Un élément culturel, tout d'abord: les entrepreneurs français ne sont pas naturellement tournés vers l'international, à l'inverse de l'Italie ou de l'Allemagne, où la question de l'export est présente dès la création. Les entrepreneurs français s'en tiennent généralement au marché domestique, où il se sentent rassurés par une culture et une langue commune. La compétitivité-produit est un autre facteur explicatif. Dans un contexte d'ouverture des frontières, les produits français sont en concurrence avec les productions mondiales, ce qui rend la compréhension des contextes encore plus complexe et renforce l'appréhension et les barrières psychologiques. Enfin, le facteur taille est non négligeable. Les entreprises françaises sont généralement plus petites qu'en Allemagne par exemple, où les ETI sont la norme. La taille réduite des entreprises implique souvent des ressources humaines et financières réduites pour considérer une expansion à l'international.

 

2- Beaucoup d'acteurs existent déjà au sein de "l'équipe de France de l'export". Comment percevez-vous la cohérence et l'efficacité de notre écosystème d'appui à l'internationalisation des entreprises?

 

Un gros travail a été entrepris ces dernières années pour monter en efficacité et en cohérence. L'objectif était de rassembler les ressources et de faire en sorte que les différents acteurs de l'écosystème ne fassent pas de doublons, et finalement, de se compléter plus que de se concurrencer. Bien sûr, la feuille de route établie au niveau national est reprise en région, avec des résultats qui diffèrent en fonction des régions et qui reflètent la vitalité du tissu économique existant.

 

 

 

L' "équipe de France de l'export" doit se compléter plutôt que se concurrencer.

Alexis Catanzaro

3- Quel est selon vous, le rôle des collectivités territoriales et de leurs agences de développement pour accroitre l'efficacité de cet écosystème au service de leurs entreprises?

 

Les collectivités ont un rôle neutre de coordinateur, d'ensemblier du dispositif, pour permettre aux territoires qui ont du mal à avancer à définir et déployer une feuille de route, et combler les manquements de l'offre dans l'accompagnement des entreprises. Ainsi, les start-up à plus fort potentiel sont malheureusement souvent écartées des dispositifs d'accompagnement à l'export traditionnels. S'ajoute le fait que le soutien massif à l'innovation tel qu'il est mené depuis plusieurs années occulte l'accompagnement à l'international. Il est temps de comprendre que l'accompagnement à l'international offre autant, sinon plus de potentiel que le soutien à l'innovation.

 

 

 

Propos recueillis par Noémie Condomines

 

Pour s'inscrire au colloque " Internationalisation: vers une optimisation de l'écosystème d'appui aux entreprises" du 30 mai, cliquez sur ce lien.