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Écologie industrielle : un guide ETD à paraître
Sylvain Baudet, chargé de mission développement économique d’ETD, en partenariat avec GrDF et l'association Orée, a mené une étude auprès d’une quinzaine de collectivités sur leurs démarches d’écologie industrielle.
Dans quelques jours, ETD publie une étude, qui se veut également un guide pratique, sur les démarches d’écologie industrielle menées en France.
Les résultats de cette étude seront présentés, le 12 juin prochain, à l’occasion du séminaire intitulé « Collectivités territoriales : quelle stratégie opérationnelle d’accompagnement des démarches d’écologie industrielle et territoriale ? ».
Sylvain Baudet, coordinateur de l’étude, répond aux questions du CNER.
Retrouvez l’intégralité de cette interview ci-contre.
Qu’est-ce que l’écologie industrielle ?
L’écologie industrielle est la volonté et le moyen de concilier le développement économique avec des ressources naturelles de plus en plus limitées.
L’écologie industrielle, c’est également la mutualisation. C’est la possibilité d’accéder à un certain nombre de ressources en mettant ses besoins en commun. Par exemple, assurer une collecte mutualisée de déchets d’entreprise.
Que peut-on attendre d’une telle démarche en matière de développement économique ?
La réussite des entreprises demain aura plus à voir avec la question du coût de l’énergie qu’avec celui du travail.
Les déchets et sous-produits générés par l’activité économique des uns peuvent devenir une ressource pour les autres au travers de nouvelles symbioses industrielles qui peuvent être organisées à l’échelle locale, c’est là où le territoire prend tout son sens.
Les entreprises sont-elles prêtes à s’engager dans des projets de ce type ?
On voit apparaître un certain nombre d’initiatives et une volonté des entreprises de s’engager dans cette voie.
Le séminaire qui aura lieu le 12 juin prochain réunira de nombreux acteurs dont des entreprises intéressées par la question. Elles voient dans l’écologie industrielle un moyen très opérationnel de concilier les nouvelles exigences sociétales (développement plus économe en ressources, nouvelles évolutions règlementaires qui rend les objectifs plus drastiques en la matière) avec leurs propres intérêts dans un contexte global d’augmentation du coût de l’énergie et des matières premières.
Quel rôle peuvent jouer les agences de développement économique dans l’écologie industrielle ?
Certaines agences de développement se sont positionnées sur l’identification des complémentarités que le territoire pouvait être à même de proposer au travers de son tissu économique (grâce à des diagnostics de flux afin d’identifier les flux entrants et sortants) de manière à pouvoir démarcher à l’extérieur du territoire des activités avec lesquelles des complémentarités pourront être trouvées avec des entreprises du territoire.
L’agence de développement de l’Allier (CAAE) travaille actuellement sur des diagnostics de flux. Elle identifie les possibilités ouvertes par des entreprises de son territoire qui produisent des flux représentant des débouchés pour d’autres entreprises. En intégrant ainsi l’écologie industrielle à son argumentaire, l’agence compte accroitre l’attractivité du territoire auprès des entreprises candidates à l’implantation.
Les projets sont-ils nombreux ?
Dans le cadre de l’élaboration du guide, quinze projets ont fait l’objet d’une monographie. Actuellement, une quarantaine d’expériences sont lancées, à l’échelle d’une zone d’activité ou d’un territoire.
Actuellement, un grand nombre de projets repose sur la synergie de mutualisation (mutualisation des déchets par exemple) et sur la valorisation de déchets organiques (type méthanisation).
Qui sont les porteurs de ces projets ?
Les porteurs de projets sont très variables en fonction des territoires. Ces dynamiques publiques/privées sont parfois complexes à mettre en place. Les acteurs tels que les chambres de commerces et les agences de développement sont bien positionnés sur ces sujets-là.
Les démarches d’écologie industrielle sont des dynamiques d’acteurs locaux qui reposent largement sur l’animation.
Dans tous les cas, l’idéal reste un portage associatif dans lequel l’implication des acteurs économiques est indispensable.
Quels sont les moyens à mettre en place pour développer un projet d’écologie industriel ?
L’ingénierie est indispensable. La réalisation d’un diagnostic de flux par exemple demande des moyens humains importants.
Au niveau financier, certaines régions se sont positionnées et mettent en place des dispositifs d’appui aux démarches territorialisées d’écologie industrielle.
La région Nord-Pas-de-Calais commence à élaborer sa stratégie de soutien aux démarches d’écologie industrielle.
Depuis le début de l’année, le conseil régional de Rhône-Alpes a mis en place un dispositif de soutien aux démarches d’écologie industrielle, doté d’un fonds de 200 000 euros par projet.
Quels sont les freins et les facteurs de réussite d’un projet d’écologie industrielle ?
Le frein majeur et celui de l’accès à l’information. Des données à caractère confidentielles doivent être collectées et mises en partage avec les différents acteurs. Les démarches reposent donc sur la confiance et doivent être encouragées au travers d’un dispositif d’animation qui permettra de créer les rencontres et la confiance entre les différents acteurs économiques.
La réussite d’un projet d’écologie industrielle repose également sur le positionnement de tous les acteurs du projet. Les collectivités, les agences de développement, les CCI doivent trouver leur place dans le dispositif pour pouvoir collaborer et définir le rôle de chacun dans cette démarche.
Enfin, la diversification du tissu économique est également favorable au développement de démarches d’écologie industrielle, car elle multiplie les opportunités de transversalités intersectorielles seront importantes