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« Et si la COVID durait ? » : Le Haut-Commissaire au Plan présente sa première note d’ouverture

Le 28 octobre dernier, le Haut-Commissaire au Plan François Bayrou présentait devant le Conseil économique, social et environnemental sa première note d’ouverture. Retour synthétique sur le contenu de ce document.

« Et si la COVID durait ? » : Le Haut-Commissaire au Plan présente sa première note d’ouverture


Le propos du Haut-Commissaire au plan est d’ « ouvrir la réflexion sur les changements, et même les bouleversements, que pourrait imposer à notre pays et à ceux qui nous entourent la présence durable de la menace épidémique ». Il développe ainsi une note en trois temps.

Crise ponctuelle ou changement durable ?

Plaidant pour la « prudence », le Haut-Commissaire au plan souhaite utiliser l’hypothèse de l'inscription de la crise dans la durée comme une entrée pour repenser l'action publique. Si la crise sanitaire a imposé à l’exécutif la boussole des besoins immédiats, la gestion efficace d’une présence de la COVID 19 sur le long terme présuppose de sortir du prisme d’une action publique mue par l’urgence.

Dans un contexte de remise en cause de la « société de l’échange », François Bayrou invite par ailleurs à ne pas céder à une facilité dichotomique, entre un « front » composé d’une minorité chargée de gérer la crise, et un « arrière » composé du reste de la société. Il s’agit ainsi de « soutenir la résilience du corps social en recherchant la plus grande unité possible, dans la prise de conscience des dangers de la situation, comme dans le partage des décisions d’avenir ».

Une refonte des rapports économiques et des liens sociaux ?

François Bayrou détaille cette refonte en plusieurs points :

  • Citant notamment l’OMC, le FMI et la BCE, il alerte sur la rupture à venir de l’économie mondiale, caractérisée par la diminution des flux, la baisse des indicateurs et la hausse de l’endettement public mondial. Dans ce contexte, il souligne deux sujets centraux : la soutenabilité de la dette et la dépendance des économies développées aux chaînes de valeur ajoutée.
  • Il alerte sur l’exacerbation des fragilités sociales (d’après les chiffres de l’OCDE, 70% du personnel soignant est composé de femmes), et par conséquent des tensions au sein de la société.
  • Il souligne la prise d'importance du numérique, et le besoin encore accru de vigilance face aux GAFAM, grands gagnants de la crise. La refonte des rapports économiques et des liens sociaux passera ainsi par une meilleure couverture numérique du territoire. Cependant, cette accélération de la couverture numérique, liée à l’augmentation des possibilités de télétravail, devra être accompagnée d’une réflexion sur l'interpénétration des temps de travail et privé et sur la plus grande possibilité de « pluriactivité » avec la réduction du temps dédié à se rendre sur son lieu de travail.
  • Face à la forte baisse d'activité dans certains secteurs couplée à la hausse du chômage et à la baisse de la consommation, le Haut-Commissaire au plan annonce un travail prochain sur les métiers de demain.
  •  Il préconise également de repenser en profondeur notre système de soins, en suivant trois objectifs : sortir d’un système hospitalier « en tension », promouvoir la santé dans toutes les dimensions du quotidien, remettre en question la soutenabilité de notre protection sociale.
  • Enfin, il s’agira d’anticiper l’avènement d’une économie décroissante, au sens littéral du terme (donc, une récession), en favorisant la mobilité entre les secteurs d’activité, en revalorisant le rôle des agriculteurs, des enseignants, etc.

Le retour du politique ?

Face à ce qu’il diagnostique comme une « crise d’angoisse », le Haut-Commissaire au plan préconise une solution en trois volets : retour du politique, débat démocratique ouvert, et nouvelle forme d’action publique (sollicitation accrue des experts, diffusion de réflexions critiques et scientifiques pointues au plus grand nombre, intégration des citoyens à ces réflexions…).  Dans ce contexte, il met l’accent sur les objectifs suivants :

  • Un plan d’urgence pour les secteurs stratégiques
  • Un plan à moyen terme de stratégie industrielle
  • Le développement du numérique partout sur le territoire
  • Une stratégie de revalorisation des métiers (ceux qui soignent, nourrissent, éduquent)
  • Une grande politique de prévention des maladies rendant les personnes plus vulnérables aux épidémies
  • Une nouvelle stratégie d’aménagement du territoire afin de désengorger les métropoles
  • La fixation des principes d’un équilibre entre l’exercice des libertés et la gestion des risques collectifs.