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La place des très petites entreprises dans l'économie française, une nouvelle étude de l'institut Terram

Consacrée à la place des très petites entreprises (TPE) dans l’économie française, cette étude mesure leur « part de marché » dans le parc des entreprises et l’emploi salarié privé, mais aussi leur rôle dans les processus de recomposition des tissus productifs.

La place des très petites entreprises dans l'économie française, une nouvelle étude de l'institut Terram


L’Institut Terram est un groupe de réflexion collégial et multidisciplinaire dédié à l’étude des territoires. Il fait de la dynamique territoriale un pilier central de l’innovation économique, industrielle et numérique, de la préservation de l’environnement et de la décarbonation, de l’accès aux services publics, de la valorisation du patrimoine culturel et de la cohésion sociale.

 

La nouvelle étude de l'institut est consacrée aux TPE (très petites entreprises) et à leur place dans l'économie française. Nicolas Portier, chercheur universitaire, est à l'origine de l'étude et fait également partie du cercle des universitaires du CNER (voir notre article).

 

La notion de micro-entreprise employée depuis la loi de modernisation de l’économie (LME) de 2008 regroupe des réalités plurielles, en agrégeant dans une même catégorie statistique d’authentiques entreprises, composées de salariés, et des centaines de milliers de structures unipersonnelles, dont beaucoup sont très éphémères et n’ont pas d’activité réelle. En se concentrant sur les très petites entreprises (TPE) qui emploient de 1 à 9 salariés, l’étude les distingue des formes les plus « ubérisées » et précaires de l’économie contemporaine.

La contribution des TPE à l'économie et au développement local

L'étude met en exergue la contribution de ces TPE au développement local et au renouvellement des tissus économiques en soulignant trois caractéristiques :

  • Les TPE, surreprésentées dans certains secteurs d’activité (bâtiment, artisanat, commerce, hôtellerie, restauration…), sont très connectées à l’économie de proximité, dite présentielle, centrée sur la consommation locale ;
  • La répartition géographique des TPE est ubiquitaire, leur poids dans l’emploi s’avérant même proportionnellement plus élevé dans les ruralités et les petites agglomérations que dans les métropoles, de même qu’il est plus significatif dans la moitié sud du pays ;
  • Le tissu des TPE, relativement stable, même s’il est constamment renouvelé par le turn over des créations et liquidations, joue un rôle de couche protectrice pour les économies locales et contribue à amortir les chocs des crises. Bien que les confinements et fermetures administratives de la période Covid aient impacté des secteurs dans lesquels elles sont très représentées, les TPE ont su faire preuve de résilience en mobilisant les dispositifs de soutien public (chômage partiel, prêts garantis, fonds de solidarité…) et les mesures de relance.

Des pistes pour renforcer le dynamisme des TPE sur les territoires

L'étude termine par la réflexion de plusieurs pistes et idées pour développer le réseau des TPE :

  • Faire progresser les savoirs : mal connues, les TPE méritent certainement une attention accrue des institutions universitaires, des services économiques des collectivités et des pouvoirs publics nationaux. Une initiative devrait consister à améliorer les outils de suivi statistiques des TPE et des divers sous-ensembles de la catégorie fourre-tout des micro-entreprises ;
  • Décentraliser les mécanismes de soutien et d’accompagnement : la granulométrie très fine des TPE rend plus que nécessaire la décentralisation des dispositifs d’accompagnement en les adossant aux collectivités locales (intercommunalités), aux réseaux d’accompagnement et aux organismes consulaires ;
  • Enrichir les offres de services-supports aux TPE : les solutions immobilières et foncières proposées au cours de leur parcours résidentiel (pépinières, hôtels d’entreprises, parcs d’activités…) doivent être complétées par des bouquets de services mutualisés (transports, logistique, crèches et restaurants interentreprises, très haut débit…) et des réseaux d’entraide entre pairs ;
  • Prendre en compte l’extrême diversité des modèles de TPE et des projets entrepreneuriaux : la politique de soutien des TPE doit viser à favoriser des entités à croissance rapide, aussi bien de type gazelle que souris ;
  • Déverrouiller l’accès à la commande publique : des plans d’accès des TPE à la commande publique devraient être encouragés partout en France, en lien avec les projets de territoires et leurs volets économiques ;
  • Conforter le maillage des réseaux d’accompagnement : les réseaux d’accompagnement des créateurs ou des repreneurs d’entreprises font partie des leviers essentiels du développement local dans les territoires. Ces réseaux pourraient sans doute, en lien avec les collectivités locales et les organismes consulaires, jouer un rôle renforcé dans les phases post-création pour développer des actions de veille économique, de sensibilisation et de formation ;
  • Organiser les solidarités inter-strates ;
  • Favoriser les communautés d’entrepreneurs par du clustering : dans le prolongement des politiques publiques de soutien des filières et des clusters, des programmes de rapprochement des TPE au cœur des bassins de vie et des agglomérations pourraient être encouragés par les pouvoirs publics locaux ;
  • Encourager les dynamiques néoartisanales à travers des TPE de production : des TPE spécialisées, néoartisanales, peuvent contribuer à la revitalisation de quartiers anciens, de friches industrielles, de lieux de mémoire… Des microfilières, constituées à partir de TPE, doivent pouvoir s’insérer dans des chaînes de valeur réorganisées autour d’industries légères (filière vélo, ameublement, outillage, textiles techniques…) ou de précision (secteur du luxe).

Pour lire le rapport complet, cliquez ici.