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Les facteurs-clés favorisant les implantations industrielles

Dans une note intitulée « Ces territoires qui cherchent à se réindustrialiser », la Fabrique de l'industrie analyse différents écosystèmes industriels locaux et tente d’en déterminer les facteurs moteurs.

Les facteurs-clés favorisant les implantations industrielles


Publiée le 18 mai 2021, cette note traite du programme Territoires d'industrie, lancé fin 2018 par le gouvernement afin de donner une nouvelle impulsion à des territoires en difficulté et d’y faciliter le déploiement de nouveaux projets industriels. Ces territoires sont au nombre de 148, principalement situés dans les campagnes, les espaces périurbains, les villes petites et moyennes.

 

Elle s’appuie sur des exemples géographiquement et économiquement variés (Saint Nazaire, Dieppe, Chalon-sur-Saône…) afin d’identifier les caractéristiques territoriales susceptibles de favoriser les implantations industrielles. De ce modèle de territoire industriellement attractif, la Fabrique de l’industrie détermine les facteurs structurants suivants :

L'importance des réseaux d'acteurs

Pour mener à bien un projet de territoire, la Fabrique de l’industrie met l’accent sur la mobilisation des différents acteurs locaux, aussi bien publics que privés, aussi bien industriels que commerciaux ou universitaires, autour d’une ambition partagée et d’un horizon commun. Un constat qui s’inscrit dans la droite ligne d’universitaires comme Nadine Levratto et Denis Carré, démontrant que l’une des variables explicatives du développement des territoires est l’efficacité des coopérations de “l’écosystème local”.

 

La note pointe notamment la nécessité de l’existence de structures dédiées à cette fin, organisant et coordonnant de façon régulière les interactions entre ces acteurs. La mise en place de celles-ci relève notamment de l’engagement actif des pouvoirs publics dans leur pilotage. Une reconnaissance, en creux, du rôle crucial de mise en réseau et d’animation des acteurs territoriaux, mené par les agences de développement depuis plusieurs décennies.

 

La proximité spatiale représente donc une condition nécessaire mais pas suffisante au succès de ces collaborations, qui doivent être encadrées et pensées de façon stratégique. Comme le dit Gabriel Colletis dans une préface éclairante à la note, “la mémoire des situations de coordination antérieure réussies est le véritable patrimoine du territoire.”

La proximité entre les grands groupes et les entreprises du territoire

Cette proximité a néanmoins de nombreuses vertus, comme le souligne le think tank, en ce qui concerne la proximité entre entreprises, et en particulier entre les grands groupes et les entreprises locales. Celle-ci engendre naturellement des économies d’échelle de par les interactions et synergies qu’elle stimule, ainsi que des externalités positives, notamment en matière d’emploi, aussi bien pour le reste du secteur que pour l’économie locale au sens large.

 

La Fabrique de l’industrie souligne toutefois que pour que ces bénéfices soient optimaux, il convient de favoriser non seulement la proximité géographique entre acteurs mais aussi la proximité cognitive, à travers la connaissance mutuelle, le partage d’information, la mobilité de la main d’œuvre, ce qui rappelle à nouveau l’importance de l'existence de réseaux d’acteurs efficaces pour les encourager et les organiser.

Les ressources et aménités nécessaires à l'implantation des talents

Au-delà des ressources immatérielles nécessaires à l’aboutissement d’un projet de territoire, la note met en exergue l’importance de l’existence et du bon fonctionnement des ressources matérielles essentielles au développement de l'industrie.

La Fabrique de l’Industrie cite au premier rang de celles-ci les sources de financement, parfois difficiles à maintenir sur le long terme. La note fait état de sollicitations d’autres industriels mais surtout des collectivités locales de la part des porteurs de projets en difficulté afin de financer leurs actions.

 

Elle traite par ailleurs du sujet des infrastructures nécessaires à la bonne conduite de l’activité, notamment les infrastructures de transport (mobilité des salariés) et les infrastructures numériques. Ces aménités sont tout aussi essentielles pour assurer l’attractivité du territoire et favoriser l’implantation de nouvelles activités. Sont évoqués également les services publics locaux et les infrastructures de santé comme attributs essentiels d’un territoire attractif pour l’industrie.

 

Autre ressource particulièrement importante à gérer et à optimiser pour le territoire : le foncier. La note soutient que les problématiques relatives à cette thématique relèvent davantage des barrières administratives et des conflits d’usage que de la rareté et du manque d’espace. 

Toutefois, pour traiter les éventuelles raréfactions et les conséquences de l’instauration de la règle «zéro artificialisation nette», la Fabrique de l’Industrie préconise une utilisation plus intensive des friches industrielles afin de les rendre rapidement exploitables pour de nouvelles activités.

Elle souligne par ailleurs la nécessité de concilier foncier industriel et foncier résidentiel, et de ne pas les mettre en concurrence, la disponibilité de ce dernier représentant un facteur d’attractivité et d’ancrage de la main d'œuvre tout aussi essentiel.

 

Au total, le rôle de l’action publique reste ici déterminant en ce qu’elle permet de créer les conditions de l'attractivité du territoire : les infrastructures, le très haut débit, les systèmes de formation, l'accueil des populations, etc. Comme le résume Louis Gallois, lors du lancement de cette note, “il va falloir réinventer un aménagement du territoire" - faisant écho ainsi au récent ouvrage du CNER sur l’aménagement économique des territoires.

La participation citoyenne dans les politiques industrielles

Trop souvent occultée comme aspect-clé du succès d’un projet industriel selon la note, l’intégration de la dimension socio-environnementale et de l’acceptabilité dans les projets territoriaux, notamment à travers l’implication active de la société civile, est désormais un axe majeur de toute politique industrielle.

Les agents économiques sont de plus en conscients de l’importance de la prise en compte des conséquences sociales et environnementales de leurs activités, et celle-ci ne peut se faire sans l’implication des parties prenantes extérieures que sont les consommateurs.

 

La note souligne toutefois que le lien entre production et consommation est aussi essentiel qu’il est long à nouer et à entretenir, raison pour laquelle il est urgent pour les industriels, les collectivités ainsi que tous les acteurs du développement économique territorial de s’engager rapidement dans cette voie. Des pistes de travail que les agences de développement devront nécessairement explorer dans les années à venir.

 

Pour en savoir plus :

 

Rayan Benamane.