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Que dit le rapport EY sur l’attractivité de nos territoires ?

Si la France reste le pays européen le plus attractif, la situation des différentes régions françaises est contrastée...avec quelques surprises.

Que dit le rapport EY sur l’attractivité de nos territoires ?


Dans ce rapport publié par le cabinet de conseil EY, la France conserve sa place de pays européen le plus attractif pour les investisseurs étrangers, obtenue en 2019.

Malgré une baisse plus importante que dans le reste de l’Europe (-18% contre -13% au niveau continental), elle devance toujours le Royaume-Uni et l’Allemagne avec 985 projets d’IDE accueillis en 2020 contre 975 et 930 respectivement.

Ce succès, Pascal Cagni (président de Business France) et Christophe Lecourtier (directeur général) l’attribuent à “la qualité de ses infrastructures, le potentiel de son marché, le niveau de formation et la productivité de ses salariés, pour lesquels la France est reconnue”.

Cette résistance témoigne de la capacité dont elle a fait preuve pour rassurer les investisseurs et conserver leur confiance : 85 % des dirigeants interrogés dans le cadre de l'enquête estiment que l’attractivité de la France s’est stabilisée ou a même légèrement progressé, et 74% d’entre eux ont confiance dans l'attractivité de la France (12 points de plus que la moyenne européenne).

Cela peut en partie être imputé à la réactivité de l'exécutif au moment de la crise et des mesures d’accompagnement qui ont été prises en direction des entreprises. Le plan de relance français semble convaincre les dirigeants interrogés, qui ne sont que 10% à le juger moins bons que ses équivalents européens. Ils sont également 82% à s’estimer suffisamment informés sur « France Relance ».

Trio de tête régional habituel et résilience du Grand Est

 

Parmi les régions françaises, l’Île-de-France, Auvergne-Rhône-Alpes et les Hauts-de-France restent les plus attractives avec respectivement 288, 126 et 100 projets d’IDE accueillis en 2020, ce qui représente un peu plus de 52% du total au niveau national.

Ces régions ont connu toutefois une baisse notables de ceux-ci, similaire à celle observée au niveau national (-18%)

L’Ile-de-France reste par ailleurs dans le trio de tête des régions européennes, derrière le Grand Londres (383 projets) et devant la Rhénanie-du-Nord-Westphalie (286).

La région Grand Est (4e région de France avec 9% des projets d’IDE) a elle connu une légère hausse (+ 7 % d’investissements étrangers par rapport à 2019) et s’impose comme l’une des régions les plus résilientes d’Europe, particulièrement en matière d’industrie, ou elle compte avec les Hauts-de-France et Auvergne-Rhône-Alpes parmi les 5 premières d’Europe.

La Normandie et les Pays de la Loire sont les deux autres régions à avoir connu une hausse des projets d’IDE en 2020, avec 32 (+7%) et 64 (+10%) projets respectivement.

D’autres régions ont davantage subi les effets de la crise, telles que l’Occitanie (-31%) dont la dépendance au secteur de l'aéronautique l’a davantage exposé. 

Ils se sont encore plus fait ressentir en Provence-Alpes-Côte d’Azur et en Centre-Val de Loire, qui ont connu une baisse de 34%.

 

Pour maintenir leur attractivité et leur compétitivité, les régions françaises doivent agir de façon efficace et proactive sur les facteurs qui influencent le plus les choix des investisseurs.

Selon l'enquête d’EY, on retrouve parmi les trois facteurs les plus déterminants auprès des investisseurs l’image de marque et le rayonnement international (35%) ainsi que le soutien à l’entrepreneuriat et à l’innovation (26%), des facteurs qui correspondent à des champs de compétence régionaux ! 

Parmi les autres facteurs importants sur lesquels les régions peuvent influer on compte les politiques sociales et d’inclusion (22%), la qualité de vie et la vie culturelle (21%) ainsi que les politiques environnementales (21%).

Industrie et R&D en repli ; santé, logistique et énergie en croissance

 

La crise n’a pas affecté tous les secteurs économiques de façon homogène en matière d’IDE. 

Parmi les secteurs les plus touchés, on compte les secteurs industriels dont l’activité a été fortement perturbée tels que l’aéronautique (-77%),  les équipements industriels (- 45 %) et les fabricants de moyens de transports (- 27 %). D’autres secteurs industriels ont mieux résisté, tels que l’automobile ou l’agroalimentaire, boostés par la consommation.

Malgré tout, la France a conservé sa première place européenne pour les implantations industrielles (341 sites), même si elles sont en recul de 17%, devant la Turquie et le Royaume-Uni. La qualité de la main d’œuvre et du management, l’automatisation de l’outil de production ou encore la montée en gamme des produits sont les principaux arguments avancés par les dirigeants pour expliquer cette attractivité industrielle.

 

Autre secteur où la France connaît un net recul : celui de l’installation des sièges et des centres de R&D, qui sont en baisse de 34% et 23% respectivement. Le rapport explique notamment ce phénomène par un attentisme concernant l’implantation de nouvelles activités stratégiques, dans une période où de nombreux secteurs envisagent un rééquilibrage de leurs marchés ainsi que de leurs supply chains.

 

D’autres secteurs ont quant à eux connu une augmentation significative des nouveaux projets. C’est le cas des industries de la santé (58 projets, soit + 123 %), où la France se classe première au niveau européen, et des implantations logistiques de façon générale (+2%), portées par l’essor du e-commerce. Les investissements étrangers dans le secteur de l’énergie ont aussi connu une importante progression, en particulier les énergies renouvelables (+81%).

Coût du travail, diversité des investisseurs et numérisation : les défis à relever

Le rapport signale néanmoins des axes d’amélioration pour la France en matière d’attractivité.

D’une part, l’effet « valeur » sur l’emploi des projets d’IDE est inférieur en France à ce qu’il est au Royaume Uni et en Allemagne. Ils ont été à l’origine de 30 558 créations d’emplois en France en 2020, soit une moyenne de  34 emplois/projets, contre 48 en Allemagne, 61 au Royaume-Uni et 135 en Espagne. Selon Marc Lhermitte, responsable au plan mondial du conseil des activités liées à la compétitivité et à l’attractivité chez EY,  «Ce n’est pas nouveau. En France, les projets sont plus modestes, en raison de la composante coût du travail, tandis que le Royaume-Uni bénéficie de la souplesse de sa réglementation, et que l’Allemagne, plus difficile à pénétrer, accueille des projets de plus grande importance.»

D’autre part, la France est vulnérable en raison du manque de diversité des investisseurs qui la convoitent. En effet,  60 % des projets accueillis en France en 2020 sont européens (contre 41 % pour le Royaume-Uni) et seuls  8 % d’entre eux proviennent de pays émergents ou en développement (contre  17 % au Royaume Uni et 25 % en Allemagne).

En effet, pour consolider et accroître son potentiel d’attractivité, le rapport d’EY soutient que la France doit s’engager plus fortement à moyen et long terme aux mutations technologiques  accélérées par la Covid-19 (digitalisation des marchés, environnements de travail phygitaux, automatisation de la production et des back-offices) ainsi qu’aux mutations environnementales (durabilité et inclusion).
Ces adaptations au changement sont un élément fondamental selon le baromètre pour espérer capitaliser sur les possibilités de relocalisation de secteurs économiques en France. Les dirigeants interrogés par EY sont plus de la moitié à envisager de relocaliser des activités en France mais seuls 18 % d’entre eux prévoient de le faire au cours des prochains mois.

 

Pour en savoir plus : Le rapport complet d’EY.

 

 

Rayan Benamane.