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Relocalisations, entreprises et territoires : une étude Datar-DGCIS

Relocalisations, entreprises et territoires : une étude Datar-DGCIS


Le cabinet Sémaphores, le groupe Alpha et l’Université Paris Dauphine ont réalisé pour le Pôle interministériel de prospective et d’anticipation des mutations économiques (PIPAME), à la demande de la Datar et de la DGCIS, une étude sur les facteurs de relocalisation des activités des entreprises et sur la spécialisation et l’attractivité des territoires. En voici les principaux points.

Une typologie des relocalisations

Les auteurs s’appuient sur l’analyse approfondie d’un échantillon de trente entreprises aux profils diversifiés (taille et secteur d’activité) issues des 107 cas de relocalisations comptabilisés ces cinq dernières années pour proposer une typologie des relocalisations :

  • les relocalisations d’arbitrage : effectuées par de grands groupes internationaux, elles relèvent souvent d’une logique « de spécialisation des sites et d’optimisation de leurs capacités de production ou de recherche ». Qualité des infrastructures, proximité avec les clients, centres de R&D, qualification de la main d’œuvre… sont autant de facteurs pouvant entrer en compte dans ces décisions ;
  • les relocalisations de retour : effectuées par des PME et des ETI, elles se font sur des sites préexistants. Si la délocalisation a souvent eu lieu pour diminuer les coûts, elle a ensuite perdu en attractivité (coûts cachés, contraintes liées à l’éloignement). Ce type de relocalisation crée peu d’emplois.
  • les relocalisations de développement compétitif : elles concernent des entreprises qui ont démarré une activité directement à l’étranger mais pour qui produire en France devient avantageux (positionnement haut de gamme, services complémentaires, etc.). Ainsi, « l’implantation à l’étranger peut représenter une étape nécessaire et positive dans le développement des entreprises françaises ».

En ce qui concerne les freins à la relocalisation, le coût du travail, la complexité et l’instabilité de la réglementation ainsi que le manque de lisibilité des dispositifs de soutien sont mis en avant. Les auteurs préconisent donc non pas de créer des aides spécifiques pour la relocalisation, mais d’accélérer les procédures et d’améliorer l’accompagnement des entreprises.

Spécialisation des territoires et vulnérabilité

La seconde partie de l’étude porte sur les déterminants du potentiel de relocalisation au niveau des zones d’emploi. Les auteurs commencent par segmenter les activités industrielles en 4 groupes :

  • les secteurs domestiques peu délocalisables (ex : l’agroalimentaire) ;
  • les secteurs exportateurs peu délocalisables. On y trouve par exemple la chimie ou l’aluminium ;
  • les secteurs à délocalisation défensive (habillement, textile…) ;
  • les secteurs à délocalisation offensive (aéronautique, luxe, parfumerie…)

La spécialisation des territoires dans des activités relevant de ces quatre groupes, combinée à d’autres facteurs, permet de mesurer leurs risques de fragilités ou leur potentiel d’attractivité. Ainsi, les auteurs identifient 3 types de territoires industriels : de performance extérieure ; en territoire rural ;mono-spécialisés. Il existe également trois types de zones de services : rurales de services collectifs ; touristiques et de proximité ; urbaines de services de la connaissance.

L’analyse des zones d’emplois sur la base de cette typologie permet aux auteurs de déduire que « les potentiels de relocalisation des territoires français résident prioritairement dans les zones de performance extérieure et les zones urbaines de services de la connaissance ».

En conclusion, les auteurs proposent de réorienter les politiques de soutien aux territoires selon les axes suivants :

  • « surveiller les zones industrielles mono-spécialisées et y construire une anticipation des mutations et des reconversions qui s’y annoncent ;
  • ne pas se contenter des relocalisations de retour car elles sont intrinsèquement volatiles ;
  • favoriser la transition des zones industrielles en territoires ruraux en zones industrielles de performance extérieure ;
  • favoriser les relocalisations de développement compétitif dans les zones industrielles de performance extérieure et dans les zones servicielles urbaines ».

La synthèse de cette étude peut être téléchargée sur le site de la Datar.

Raphaëlle Frija