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Territoires Zéro Chômeur : une expérimentation à renforcer et à pérenniser

Dans un rapport d’évaluation finale de l'expérimentation “Territoires zéro chômeur de longue durée”, le comité scientifique désigné par le ministère du Travail conclut à l'efficacité du dispositif sur les volets de l’emploi, de la santé et du bien être des bénéficiaires, tout en soulignant l’absence d’impact territorial significatif et de modèle économique pérenne.

Territoires Zéro Chômeur : une expérimentation à renforcer et à pérenniser


Adopté pour la première fois en février 2016 par une loi d’expérimentation, le projet “Territoires zéro chômeur de longue durée" avait pour objectif, dans les dix territoires choisis pour le mettre en œuvre, d’embaucher en CDI les publics les plus éloignés de l'emploi dans des secteurs utiles à leurs territoires.

Cinq ans plus tard, un comité scientifique désigné par le ministère du Travail a mené des études de terrain, à la fois sur les entreprises à but d’emploi (EBE) chargées d’embaucher, les comités locaux d’emploi (CLE), ainsi que les écosystèmes territoriaux dans lesquels ont évolué ces expérimentations, afin d’en évaluer l’impact de façon contrefactuelle (en choisissant des territoires témoins).

Une augmentation significative des chances de retour à l’emploi 

L’expérimentation d’EBE sur les dix territoires sélectionnés s’est traduite par un retour à l’emploi beaucoup plus important pour les salariés en question. En effet, l’évaluation stipule que 44.1% des bénéficiaires n’auraient pas retrouvé le chemin de l’emploi sans l’expérimentation, et que près des deux tiers ne seraient pas en CDI (statut d’embauche automatique dans les EBE). 

Ces emplois ont pu être occupés dans des secteurs utiles aux territoires, et notamment dans l’année qui vient de s’écouler et le contexte de pandémie Covid-19. Les EBE se sont fortement mobilisés pour soutenir le tissu économique local et répondre aux besoins des populations : fabrication de masques, services d’aide à la personne pour les publics les plus fragiles, etc.

 

Les profils des salariés des EBE ont varié au cours de l’expérimentation, l’embauche devenant de plus en plus sélective et ciblée vers les "personnes privées durablement d'emploi", les publics qui en sont donc les plus éloignés.

L’accès à un emploi stable a ainsi permis une amélioration considérable des conditions matérielles de vie pour ces salariés : le rapport indique que les dépenses de logements ainsi que l'accès à un moyen de transport personnel, entre autres, ont été grandement facilités par l’expérimentation.

Un état de santé amélioré et un lien social renforcé 

Un autre enjeu important souligné par les acteurs locaux était l’impact non-financier de l’expérimentation. Celui-ci peut notamment se mesurer par l’état de santé des bénéficiaires ainsi que leur accès aux soins. 

Le rapport indique que début 2020, il était estimé que les salariés recrutés avant 2019 avaient une probabilité plus grande de juger leur état de santé satisfaisant (+9%) et une moindre chance de renoncer à consulter un médecin généraliste pour des raisons financières (-15.2%). 

La santé mentale des bénéficiaires aussi s’est améliorée, ces derniers étant moins susceptibles de déclarer souffrir de mauvaise estime de soi selon l’étude (près de -17%).

 

L’impact non-financier se caractérise également par un renforcement du lien social des bénéficiaires avec leur entourage.

En effet, l’étude rapporte que les salariés des EBE déclarent consacrer plus temps à leur famille, ainsi qu’à la vie culturelle et associative de leurs territoires.

Une évolution nécessaire de l’échelle d’impact et du modèle économique

Si l’évaluation démontre des améliorations nettes pour les bénéficiaires, elle conclut également à l’absence d’impact significatif de l’expérimentation au niveau des territoires. Le rapport explique cela principalement par le manque de coopérations actives entre les EBE et les CLE, qui se sont souvent mis en retrait de l’expérimentation par manque de ressources.

Par ailleurs, le modèle économique de l’expérimentation, principalement basé sur les gains induits de l’absence de dépenses liées au chômage et à la précarité professionnelle (prestations sociales, etc.) semble montrer ses limites, particulièrement dans le contexte de crise sanitaire. L’équilibre financier des EBE est précaire et leurs perspectives de développement à court et moyen terme sont compromises.

 

Une réflexion sur les activités ciblées ainsi que sur les viviers de capitaux et de locaux devra être engagée, à l’aube de la reconduite de l'expérimentation pour cinq ans et de son extension à 50 nouveaux territoires, actés par le vote de l’Assemblée Nationale le 30 novembre 2020.

 

Pour plus d’informations, n’hésitez pas à consulter le rapport final du comité scientifique sur l’expérimentation “Territoires zéro chômeur de longue durée”.

 

 

Rayan Benamane.